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Est-il vraiment possible d’accoucher sans péridurale ?

Dernière mise à jour : 8 janv. 2022

Utilisée dans plus de 80 % des accouchements par voie basse la péridurale est désormais un acte médical quasi-incontournable dans le processus de la naissance en France.


Rédactrice: Anabelle Jolly, sophrologue

Relecture et conseils: Docteur Henry Bensoussan, gynécologue-obstétricien




Selon les enquêtes périnatales de l’INSERM réalisées auprès de plus de 14 000 femmes enceintes et publiées tous les 5 ans, le constat est fait d’une augmentation régulière de cet usage. Alors que le corps médical y a recours dans 3% des cas au début des années 80, cette proportion atteint les 54% en 1995 pour atteindre plus de 80% en 2016.

Si l’’enquête 2021 n’est pas encore publiée, il reste néanmoins incontestable que cette pratique est devenue très majoritaire, quasi incontournable.

Pourquoi cet engouement ? Quels sont les avantages et les inconvénients de cette pratique ? Peut-on faire un choix différent ?

Depuis l’aube de l’humanité, de très nombreux moyens d’accompagner la mère pendant le travail et la parturition ont été employés : on peut citer notamment les rites, chants et incantations, les décoctions de pavot dans l’Egypte ancienne, mélanges de mandragore et d’opium d’Amboise Paré au XVIème siècle, le chloroforme pendant l’accouchement de la Reine Victoria en1853, la méthode Lamaze de l’accouchement sans douleur des années 50, etc.…

Technique inventée en 1921 par le médecin espagnol Fidel Pagés Miravé la péridurale est utilisée dès les années 40 pour soulager la douleur des contractions mais elle fait véritablement son apparition dans les maternités au tout début des années 70.


Qu’est-ce qu’une anesthésie péridurale ?

Le Vidal définit la péridurale comme un acte qui : « consiste à injecter un anesthésique local (éventuellement associé à un dérivé de la morphine) directement au contact des membranes qui entourent la moelle épinière, dans la partie la plus basse de la colonne vertébrale. Cette injection se fait au moyen d’un tube de très petit diamètre, un cathéter, implanté entre deux vertèbres. Ce cathéter va permettre d’injecter l’anesthésique local tout au long de l’accouchement, à la demande de la future maman. »


Cette technique médicale fait l’objet d’une vérification préalable par le médecin anesthésiste qu’il n’y a pas de contre-indications.


Quels sont les avantages de la péridurale ?


Cette prise en charge de la douleur est rassurante et elle est en phase avec les attentes des femmes : en 2016 en France métropolitaine, avant leur accouchement, 64 % des femmes souhaitaient absolument une analgésie péridurale et 21 % des femmes l’envisageaient.

Parmi les femmes ayant accouché par voie basse, 54 % ont pu utiliser une PCEA (analgésie péridurale autocontrôlée par la patiente) pour gérer elles-mêmes la douleur.

Le docteur Bensoussan souligne que « les patientes doivent vivre leur accouchement pleinement. La péridurale présente le risque de placer les mamans en position de spectateur de la naissance, il faut insister sur la nécessité que la péridurale (…) doit procurer une anesthésie partielle de la douleur pour que les mamans vivent pleinement l’enfantement »

Réduire les effets de la douleur et garder des sensations permet à la maman de participer et de suivre les demandes des équipes médicales.

Cela bénéficie également au bébé qui nait dans une atmosphère plus détendue.


Par ailleurs, la péridurale permet aisément certains gestes chirurgicaux (spatules, forceps, ventouses, …) y compris une éventuelle césarienne si nécessaire : l ‘anesthésiste injecte directement l’anesthésique adapté dans le cathéter de la péridurale. Cela évite l’anesthésie générale, devenue rare.

A l’issue de l’accouchement et une heure après le retrait du cathéter, la maman peut à nouveau se déplacer (sauf en cas de césarienne où le cathéter est maintenu plus longtemps en place).

La pose d’une péridurale permet donc un accouchement avec une faible gestion de la douleur et permettant aux équipes médicales d’agir aisément.

Alors pourquoi pourrait-on souhaiter s’en passer ?


Quels sont les inconvénients de la péridurale ?


L’effet indésirable principal de la péridurale est sa tendance à prolonger l’accouchement, voire à réduire les contractions de l’utérus (selon le mélange anesthésique utilisé) : cela empêche la future maman de se lever et de marcher, ce qui participe au travail. De plus, la maman perçoit moins bien les besoins de poussées ainsi que leur efficacité, la perception de son corps étant modifiée.

Il en résulte un recours majoré à l’obstétrique opératoire (césarienne, forceps et ventouses).

Il existe également quelques autres effets indésirables, temporaires : sensation de chaleur dans la partie basse du corps, difficultés à bouger les jambes, tremblements, difficultés à uriner nécessitant la pose d’une sonde urinaire, point d’insertion douloureux, baisse de la pression artérielle , maux de tête après l’accouchement, etc.


En dehors de ces éléments, certaines mamans envisagent un accouchement sans péridurale de façon à garder un accouchement naturel, le moins médicalisé possible afin de se sentir à la source de celui-ci.

Selon Béatrice Bondel (Inserm, équipe de recherche en épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique – Université de Paris), si la France est le pays le plus consommateur de péridurale, la visite obligatoire avec un anesthésiste au cours du dernier trimestre de grossesse n’y est pas étrangère. « Dans un sens, le recours fréquent à la péridurale est une bonne chose car cela répond aux besoins des femmes qui souhaitent une prise en charge efficace de leurs douleurs. Et cela réduit les risques associés à l’anesthésie générale en cas de complication du travail. Mais d’un autre côté, cela laisse peu de choix à l’expression de la préférence de certaines femmes pour des formes moins médicalisées de l’accouchement », conclut Béatrice Blondel dans un extrait du rapport de la dernière enquête périnatale publiée.


En conclusion, en dehors de l’accouchement programmé chaque future maman est libre de faire son projet de naissance et d’exprimer ses souhaits en fonction des avantages et des inconvénients de chaque solution. Le corps médical respectera cette demande.


Quel est l’apport de la sophrologie ?


La maternité et en particulier la première naissance sont le point culminant des interrogations sur le vécu de la grossesse, de l’accouchement et de la parentalité.


La sophrologie permet d’accompagner la future maman dans son choix, dans son projet de naissance, tout en la préparant à s’adapter à toutes les situations grâce à des exercices de relaxation dynamique (en mouvements doux), de visualisations, d’images positives, de respiration. Elle vise à aider la maman à se sentir prête pour l’accouchement en évacuant au fil des séances les tensions physiques et psychiques (doutes, peurs, incertitudes,…) et en améliorant la confiance qu’elle peut avoir en elle-même, en son corps, en son bébé et en l’équipe médicale .


Elle permet d’harmonier les émotions lors d’une période riche en instabilité émotionnelle liée à un jeu hormonal incessant, à des changements multiples de grande ampleur : « je dois gérer mon corps qui change et qui est parfois douloureux, je suis fatiguée, serai-je une bonne mère, j’ai peur d’accoucher,…»


En ce qui concerne l’anesthésie péridurale, la sophrologie permet d’accompagner la maman dans les ressentis des contractions jusqu’à la mise en place de l’anesthésie péridurale et de conserver un ressenti suffisant pour participer à l’ensemble du processus.

Il est également possible de travailler en amont sur les peurs concernant l’intervention elle-même ; par ailleurs, lors de la pose de la péridurale, il est important de ne pas bouger (quand bien même le bébé est parfois actif J ). Il est donc important de se détendre pour faciliter ce travail.

Dans le cas d’un souhait d’accoucher sans péridurale, la sophrologie permet d’améliorer la gestion des ressentis des contractions afin d’écrêter la douleur.


D’une manière globale, lorsqu’une future maman est sereine, son accouchement est mieux vécu.


… Vivez pleinement votre accouchement ! Limitez vos craintes et gagnez en sérénité !


Il faut noter que ce travail est complémentaire à la préparation à l’accouchement de la sage-femme et ne peut en aucun cas le remplacer.


Un petit exercice…


Pour évacuer les premières tensions de la grossesse, il est possible de pratiquer l’exercice suivant :


Je me place debout, les deux pieds espacés de la largeur du bassin. Les genoux sont « déverrouillés », c’est-à dire sans tension et le bassin est rétroversé, légèrement basculé vers l’avant.

L’exercice débute les bras le long du corps et s’effectue en synchronisant les gestes avec la respiration : à l’inspiration, mes bras montent devant moi, s’arrêtent à l’horizontal. Pendant quelques instants je suspends mon souffle tout en approchant mes mains du torse. J’essaye alors de me concentrer sur les tensions physiques, psychiques qui m’assaillent (doutes, douleurs,..) puis, sur l’expiration, je tends vivement les bras vers l’avant, paumes vers l’extérieur, comme si je rejetais les inconforts loin de moi. Je replace ensuite les bras le long du corps, en suspension respiratoire.

Soit je recommence l’exercice sur le prochain cycle respiratoire (inspiration : je monte les bras, etc…) soit je prends quelques respirations normales avant de recommencer.

Il est possible de répéter ces gestes autant que nécessaire, tout en veillant à y inclure de temps en temps des cycles respiratoires sans exercices afin d’éviter d’éventuelles sensation de vertige lié au travail respiratoire.

Cette sensation disparaît vite lorsqu’on est habitué !


Pour plus d’informations sur la sophrologie et la maternité: https://www.apreslapluie-sophrologie.com


Un grand merci au docteur Henry Bensoussan pour ses conseils et sa participation!



Pour aller plus loin :

· Le Grand livre de ma grossesse – Éditions Eyrolles

· Enceinte, je me sens bien avec la sophro de Claudine Granger


Quelques sources :

- http://www.epopé-inserm.fr/wp-content/uploads/2017/10/ENP2016_plaquette.pdf) - https://www.inserm.fr/actualite/en-france-peridurale-est-frequente-chez-femmes-qui-souhaitaient-accoucher-sans/

- https://www.parents.fr/accouchement/accoucher/la-peridurale/accoucher-avec-la-peridurale-comment-ca-se-passe-430562

- https://www.vidal.fr/sante/grossesse/accouchement/peridurale.html

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_péridurale

- interview radiophonique à la RCF de Marie-France Morel : historienne, spécialiste de la naissance et du nouveau-né, auteure, présidente de la Société d’Histoire de la Naissance



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