Les témoignages et conseils d’Aurore et Cornelia
Entamer un parcours de Procréation Médicalement Assisté (PMA) est une décision importante car elle implique un véritable travail sur soi : il faut se sentir capable de suivre un processus médicalisé, de ne pas en connaître l’échéance et d’avoir accepté l’idée même d’une intervention externe à ce que l’on souhaite intime.
Que ce soit en couple ou seule, faire le deuil de ses idéaux est une démarche nécessaire, parfois difficile mais également porteuse de bel espoir.
Voici quelques conseils au travers des témoignages de 2 femmes qui ont expérimenté ce parcours.
Aurore
Son désir d’enfant était clair et fort, si fort qu’elle n’a pas hésité à se lancer dans un parcours de « maman solo » avant même la loi de bioéthique de 2021 autorisant la PMA pour toutes.
35 ans, actuellement maman d’une petite fille d’un mois et demi.
Qu’est-ce qui vous a décidé ? Quelle a été l’étincelle qui a lancé ce parcours?
Face à des échecs continuels dans mes relations en couple, la question s’est posée d’avoir un enfant. La réponse a été évidente pour moi : puisque je ne veux pas passer à côté de la maternité, j’avance toute seule.
Et ma famille m’a soutenu, sans trop y croire au début. J’ai pu aussi en discuter avec une amie qui a suivi en couple un parcours PMA avec une douzaine de FIV (Fécondation In Vitro) en 2 ans et qui a donné naissance à un petit garçon.
J’ai donc commencé par faire des examens médicaux qui ont conclu que mes ovocytes avaient 10 ans de plus que l’âge réel… Cela fait un coup… Cela m’a décidé à passer à l’action sans plus attendre !
Quel parcours avez-vous suivi ?
J’ai fait le choix d’une clinique à l’étranger en tant que maman solo. Le personnel médical m’a bien accueilli et m’a laissé un temps de réflexion.
Une fois la décision prise, la procédure préalable à l’intervention s’est déroulée en France avec un gynécologue. La clinique a délégué ce processus, je devais juste les informer de l’avancée des examens.
Lorsque l’échographie a montré que les follicules étaient matures, j’ai injecté Ovitrel par stylo 36 heures avant l’intervention, un lundi et le mercredi j’étais à la clinique. Le médecin a procédé à une Insémination Artificielle sous échographie, et m’a remis une enveloppe contenant certaines informations sur le donneur. L’intervention a été très rapide et s’est bien passée : une simple formalité !
Et dès la première prise de sang qui a suivi, nous avons pu constater que cela avait fonctionné ! J’ai eu beaucoup de chance.
Qu’est ce qui vous a paru le plus difficile ?
Il faut parvenir à gérer la précipitation, arrêter tout ce que l’on fait… Professionnellement il faut que cela soit possible de s’absenter du jour au lendemain.
J’avais mis 2 collègues au courant du projet pour comprendre mon besoin de m’absenter. Il faut se justifier par rapport au travail… C’est une contrainte et un stress supplémentaires à gérer.
Tout s’est bien enchainé pour moi, avec des coups de chance à chaque fois. Et j’ai reçu un soutien de mon entourage familial, du corps médical français et étranger, de la bienveillance.
Comment s’est déroulée votre grossesse ?
J’ai eu la grossesse la plus merveilleuse du monde. Aucun effet secondaire… une grossesse idyllique.
Au travers des difficultés rencontrées en amont, la grossesse n’en est plus une.
Est ce que des choses ont changé dans votre comportement depuis le début de grossesse ?
Pendant la grossesse, je me suis sentie moins stressée par rapport aux situations quotidiennes, j’ai connu une véritable prise de recul, je me suis sentie plus calme. Les problèmes me touchaient moins, je les ai pris avec plus de philosophie et moins personnellement.
Inconsciemment le corps et l’esprit se ménagent, se tournent vers l’écoute de soi pour trouver l’énergie.
Comment vous sentez-vous moralement ? :
J’ai beaucoup de sérénité. Mon choix est réfléchi et voulu.
Mon objectif de vie n’a jamais été de faire un enfant toute seul mais je ne désespère pas de trouver quelqu’un avec qui m’épanouir.
Les conseils d’Aurore :
Faire un bilan de fertilité rapidement car les résultats peuvent démontrer un vieillissement prématuré inattendu du système reproducteur féminin… Quoi qu’on dise, on a une date de « péremption » !
Savoir être organisée
Le soutien est indispensable, qu’il soit familial ou amical : il faut être entouré de personnes qui comprennent l’envie que l’on peut avoir et la volonté de vouloir le faire.
En parler autour de soi… et si on rencontre des personnes incompréhensives ou résistantes, faire le tri dans ses relations : si les personnes ne comprennent pas la démarche, le ressenti des autres qui ne sont pas proches de moi ne m’intéressent pas. Il n’y a aucun intérêt à ça !
Aller au bout de ses idées et … y croire !
Cornelia
Praticienne en thérapie holistique, tout comme son mari : ensemble, ils ont désormais choisi de s’orienter vers les suivis de parcours de PMA.
40 ans, bientôt maman…
Comment avez-vous vécu le besoin d’un recours à une PMA?
Pour moi, la grande difficulté a été l’acceptation … Devoir faire le deuil d’une grossesse naturelle et accepter que la FIV était la seule solution pour nous.
Il m’a fallu 1 an pour y arriver mais une fois cette étape initiale bien intégrée, le process de PMA a commencé et s’est bien déroulé.
La grossesse, c’est comme un mariage pour une petite fille : elle est idéalisée. Avec la PMA, tout le glamour disparaît : tu urines sur un bâton et tu vas faire ta prise de sang…
Une femme doit faire ce deuil mais l’homme, quant à lui, en vient à se poser des questions sur lui-même s’il est à l’origine d’une infertilité. Son ego est chahuté…
Il faut parvenir à prendre conscience que ce phénomène est courant : 1 couple sur 4 est touché par l’infertilité.
Nous avons découvert que l’accompagnement était limité au domaine médical, mais la partie psychologique et émotionnelle n’était pas abordée ni prise en charge.
Quel chemin avez-vous pris ?
Nous avons décidé de devenir acteurs dans la procréation : malgré la médicalisation, j’ai repris le contrôle sur mon corps. Face au corps médical qui est sachant, on se sent parfois comme des enfants face à des adultes. J’ai donc travaillé sur la confiance et sur l’affirmation de moi-même. J’ai replacé la PMA à sa juste place.
Comment s’est déroulée la grossesse ?
Très bien ! Avec aucun effet secondaire !
Les conseils de Cornelia
Tout passe par l’acceptation ! C’est la première étape indispensable.
Ensuite, en parler pendant le process, c’est désormais une réalité courante dans notre société actuelle.
Ne pas être toujours dans le « soit forte » … Savoir se libérer de ses peurs
Pratiquer la pensée positive : ça va marcher, il n’y a pas de doute !!
Un grand merci à Aurore et Cornélia pour ce partage spontané !
Propos recueillis par Anabelle Jolly- Sophrologue- "Après la Pluie"
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